Algérie, élection truquée… La lutte continue !

indexFace à la mobilisation de la rue qui n’a jamais cessé d’être massive, le régime est pris de panique. N’ayant aucun soutien dans le peuple, il tente inlassablement de stopper cet élan révolutionnaire. Sa seule possibilité, c’était de pousser à la tenue de l’élection présidentielle, en espérant que le résultat donnerait une nouvelle autorité au pouvoir. C’est raté : dès l’annonce des résultats, ce sont des millions d’algériennes et d’algériens qui sont descendus dans les grandes villes pour continuer à dire : « système dégage ».

Pendant des mois, le régime a acté la violence comme moteur de sa locomotive répressive, avec des arrestations de manifestant(e)s, de certaines figures très connues sur la scène politique algérienne. Le régime a essayé de diviser les masses en arrêtant plusieurs manifestant(e)s qui avaient brandi le drapeau berbère, considéré comme une atteinte à l’unité nationale. Et pour affaiblir encore la contestation, la Kabylie en point de mire, le régime ferme des églises à Béjaïa et à Tizi Ouzou. Le but est de monter les diverses sensibilités religieuses chrétiennes et musulmanes, particulièrement, les unes contre les autres. Malgré tous ces agissements, le peuple a déjoué ces manœuvres obscènes dépassant tous les clivages ethniques et/ou religieux.

De son côté, la bourgeoisie nationale et influente tente inlassablement de sauver ses intérêts en misant sur ces personnalités politiques ou intellectuelles travesties en costume d’honnêteté et d’intégrité. La « révolution du sourire » a montré les limites de cette élite bourgeoise corrompue. Le changement ne se situe pas dans la réforme mais dans la rupture radicale avec l’ordre établi, c’est l’avènement d’un nouvel ordre au service des jeunes , des femmes, des ouvrier(e)s. Le « Hirak » a surpassé une élite dépourvue de courage et obnubilée par ses privilèges, un « Hirak » contre l’opportunisme.

Le système militaro-bourgeois algérien a continué son vol des richesses nationales. Avec le projet de loi de finances et le projet de loi sur les hydrocarbures 2020, adoptés par le conseil des ministres le dimanche 13 octobre 2019, il a tout simplement donné l’exploitation et la prospection de gisements d’hydrocarbures à Total et Exxon. L’idée est double : assurer au gang au pouvoir un enrichissement et acquérir le soutien des grandes puissances impérialistes notamment la France et les USA.

La rue algérienne s’est opposée à ce projet de loi des hydrocarbures en accusant le gouvernement de brader le pays aux multinationales. Ce projet, dont l’investissement est assuré à long terme, prévoit aussi des avantages, notamment fiscaux, aux investisseurs et partenaires étrangers. Le malheur provient aussi des licences données aux multinationales d’explorer et d’exploiter le gaz de schiste, et ce, malgré la contestation des populations du Sud, conscientes de son danger pour leur santé et l’environnement.

Il est clair que dans le Hirak, il ne peut s’agir seulement d’une nouvelle constitution pour changer l’Algérie. Il faut aussi que les richesses du pays reviennent au peuple, en étant mises en propriété publique sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs et de la population et non aux mains des multinationales et de la clique au pouvoir.

Boycott de l’élection

indexPar deux fois déjà, en avril et en juillet, l’élection a du être annulée, le Hirak étant bien trop fort pour laisser passer une telle provocation du Pouvoir.

La seule raison d’être de l’élection présidentielle était de redonner une légitimité au pouvoir. Le mouvement a donc décidé de la boycotter. Avec leur pseudo démocratie, ils nous proposent une panoplie de candidats en majorité des anciens clients du système ; députés ou ministres comme Benflis ou Abdelmadjid Tebboune. Gaïd Salah, chef de l’état-major, veut faire le forcing et organiser ces échéances coûte que coûte. Tebboune, plusieurs fois ministre de Bouteflika, membre de longue date du parti au pouvoir, le FLN, était le pion de Gaïd Salah, dans cette élection.

Durant les trois semaines de la campagne électorale, les salles réservées aux meetings étaient quasiment vides et les candidats ont eu du mal à animer leurs rassemblements ; ils ont été même chassés par les populations dans certaines villes. Le peuple et à travers les mobilisations massives des vendredis et des mardis organisé par les étudiant(e)s a envahi les rues des grandes villes et même des petites villes d’Algérie pour s’opposer à cette mascarade électorale en clamant « makanch el intikhabat m3a l3issabat » (pas d’élections avec les gangs).

Dans les jours précédant l’élection, une grève a été lancée notamment à Bejaïa, Bouira, chez les cheminots d’Alger… Même si certains parlaient de grève générale, notamment sur les réseaux sociaux, la grève n’a pas été un clair appel national et seules des sections locales de l’UGTA et quelques syndicats autonomes y appelaient. Elle a néanmoins été très suivie dans certaines régions. Il reste que la direction nationale de l’UGTA fait obstacle à toute lutte de masse des travailleurs alors que ceux-ci se voient réprimer lorsqu’ils contestent leur mauvaises conditions de travail et leurs trop bas salaires.

Résultat faussé

Malgré la contestation et les manifestations dans plusieurs villes du pays, le régime a fait passer les élections : des bourrages d’urnes, des militaires en civil dans les bureaux de vote et le mensonge d’un taux de participation qui avoisine les 39%. L’autre provocation qui s’ajoute à tout cela est le vote de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika par procuration et son frère Nasser Bouteflika. Le système en place a, encore une fois, montré sa continuité et son envie de gouverner d’une main en fer l’Algérie.

Le vendredi, à midi, les résultats du vote ont été dévoilées donnant officiellement la victoire à Abdelmadjid Tebboune avec 58% sur l’ensemble de voix exprimées. le jours même, les grandes villes d’Algérie ont connu de grandes manifestations de contestation. Les autorités ont vite réagi en réprimant et en procédant à l’arrestation de plusieurs manifestant(e)s. La ville d’Oran a connu une répression terrible, avec plusieurs centaines d’arrestations et tabassages de manifestants. Tebboune, qui disait tendre la main au Hirak le jour de son élection, a montré qu’il tendait la matraque en fait.

Quelle suite pour la lutte ?

Sans ou avec un président, le système algérien sera toujours contesté et le peuple des travailleur(se)s , des chômeur(se)s, des jeunes et des vieux est tenu à ne pas résigner et continuer sa lutte.

Car ce qu’on montré les dizaines de mois de mobilisation, c’est que le Hirak doit continuer mais en se donnant une base politique plus solide et une organisation plus forte. Le système ne laissera pas le pouvoir comme cela. Il faut donc un pouvoir révolutionnaire issu du peuple, basé sur les travailleurs et la jeunesse en lutte.

L’auto-organisation devrait s’imposer dans les usines , les quartiers, villes, les villages , les universités; il est nécessaire pour parer la répression et la férocité du régime en place.

Le prolétariat algérien est une classe en lutte et il a besoin d’un programme clair qui répondra à ses aspirations. Pour avancer, il faut des comités de lutte dans les entreprises et les services, dans les quartiers et les universités ou les lycées. De tels comités devront se fédérer et se coordonner localement, régionalement et nationalement pour former une véritable alternative au pouvoir en place, un futur gouvernement révolutionnaire des travailleurs et du peuple.

Notre rôle, aussi en tant que Gauche Révolutionnaire « yassar thawri, thamughli thazelmadt », est d’accompagner ces masses , les appuyer par des instruments de luttes et les armer politiquement pour éviter les éventuelles récupérations petites bourgeoises et islamistes.

Il faut soutenir les grèves, et préparer une véritable grève générale dans tout le pays. C’est cela que craint le plus le pouvoir et que doivent préparer les comités de lutte et les syndicats combatifs.

Ce ne sont pas des élections truquées qui vont nous arrêter. En fait, la lutte vient juste de commencer face un régime qui se démasque chaque fois plus, autant dans la corruption de la clique au pouvoir que dans sa collaboration avec les multinationales capitalistes et les impérialistes.

Plus que jamais, notre rêve et notre lutte pour une Algérie égalitaire, démocratique et fraternelle, une Algérie véritablement socialiste doit être au coeur des discussions et des luttes à venir.

Nous avons notre détermination et notre force inspirée en un programme révolutionnaire. Vive la révolution du peuple algérien ! Algérien(ne)s de toutes régions unissez-vous !

Amar Benhamouche

  • Pour des comités démocratiques dans chaque entreprise, université, lycée, quartier, pour développer la lutte et les revendications : hausse des salaires, égalité entre toutes et tous, respect des droits des minorités…
  • Pour que la lutte s’étende dans les entreprises, avec les syndicats, pour organiser des grèves
  • Pour que ces comités discutent de la nouvelle société algérienne, démocratique, fraternelle, tolérante, respectant la liberté de conscience à l’opposé de ce régime corrompu, et son code de la famille
  • Pour qu’ils discutent de l’organisation de la production économique et de l’investissement, par l’arrêt des privatisations et la renationalisation des entreprises privatisées, et organise des plans de développement, de reforestation
  • Pour la séparation des institutions publiques et de la religion
  • Pour des investissements massifs dans les services publics (santé, éducation…)
  • Pour une Algérie socialiste et démocratique, libérée du capitalisme et de l’asservissement aux puissances impérialistes que cela entraîne, avec des relations internationales de solidarité avec les pays de la région et leurs populations en lutte elles aussi contre des régimes servant les capitalistes

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