Après les élections, la lutte continue en Grèce

Cortège, à Thessalonique, des camarades de Xekinima, organisation soeur de la Gauche révolutionnaire en Grèce, au lendemain du referendum du 5 juillet.
Cortège, à Thessalonique, des camarades de Xekinima, organisation soeur de la Gauche révolutionnaire en Grèce, au lendemain du referendum du 5 juillet.
Les élections en Grèce ont eu lieu aujourd’hui. Les résultats confirment exactement ce que nous disions dan l’article de l’Egalité qui suit. Syriza gagne les élections avec 35% des voix, suivi par Nouvelle Démocratie avec 28%. L’abstention est à 45% ce qui est énorme car le vote est sensé être obligatoire. Tsipras a l’excuse qu’il cherchait avec cette élection pour faire une alliance avec la droite. Il a annoncé un gouvernement de coalition avec les grecs indépendants (ANEL)…. ce qui a été salué par… Hollande lui-même ! « la Grèce va connaître une période de stabilité avec une majorité solide »… moins un gouvernement est démocratique plus il est salué par les pro capitalistes !

Article de l’Egalité numéro 173

La trahison par Tsipras et son gouvernement, soutenue par une partie de Syriza, du NONau référendum sur mémorandum du 5 juillet, mais aussi du programme sur lequel il avait été élu en janvier dernier, est un coup dur pour la classe ouvrière grecque, et toutes celles et ceux qui s’opposent aux politiques d’austérité. Cependant, les choses évoluent vite. Dès le 17 juillet, nos camarades de Xekinima (section-soeur de la Gauche révolutionnaire en Grèce) organisaient à Athènes une réunion rassemblant les forces politiques opposées à ce nouveau mémorandum afin d’avancer vers la constitution d’un nouveau parti de rupture avec le
capitalisme.

Qu’attendre des élections ?

Suite au vote du nouveau mémorandum avec le soutien des partis de droite, mais avec la défection de plus en plus de députés de Syriza, Tsipras a démissionné et annoncé des élections fin septembre, espérant certainement retrouver une nouvelle majorité.

Il y a fort à parier que, dégoûtés par la situation, un nombre important de Grecs ne se déplace même plus pour aller voter. Les intentions de vote pour Syriza sont en forte baisse, passant de 36% en janvier à entre 20 et 26% aujourd’hui selon les sondages. Nouvelle Démocratie, le parti bourgeois qui était au pouvoir avant janvier, y talonne ou dépasse Syriza.

Bien qu’il s’en défende, Tsipras sera obligé de faire alliance avec les partis de la bourgeoisie s’il veut pouvoir constituer un nouveau gouvernement. Autrement, de nouvelles élections devront être à nouveau convoquées avec le risque que le score de Syriza ne s’effondre. Autrement dit, celles et ceux qui essayent de faire croire qu’après les élections un nouveau gouvernement mené par Tsipras, certainement avec Nouvelle Démocratie ou le Pasok, pourra s’opposer au mémorandum essayent de faire prendre aux travailleurs grecs (et ailleurs) des vessies réformistes pour des lanternes révolutionnaires. Les députés de Syriza qui s’étaient opposés à ce troisième mémorandum ont quitté le parti pour fonder Unité Populaire, d’ores et déjà créditée de 6,2% des intentions de votes dans le dernier sondage en date, devançant de peu le parti fasciste Aube Dorée ou le parti communiste de Grèce. Si cela se confirme, UP serait la troisième force au parlement.

Le programme anticapitaliste de ce nouveau parti, qui rassemble des anciens de Syriza mais aussi des forces venant de l’extrême-gauche, en particulier de la coalition d’organisations Antarsya, va dans le bon sens : annulation de la dette, nationalisation des banques et des principaux secteurs de l’économie, planification de l’économie, contrôle de l’économie par les travailleurs, etc. Autant de mots d’ordre dont la conséquence sera nécessairement la rupture avec la zone euro et avec l’Europe des capitalistes.

Un parti des travailleurs pour le socialisme !

Mais Unité Populaire se constitue comme une coalition électorale sans lien profond avec les luttes sociales et ouvrières. Sa structuration n’est pas non plus clairement définie, d’autant qu’il est impossible d’y adhérer individuellement ce qui va nécessairement limiter sa construction démocratique à la base à partir de sections locales. Nos camarades de Xekinima appellent à voter pour UP sans pour autant le rejoindre.

Nos camarades continuent de militer pour la fondation d’un parti révolutionnaire avec un programme socialiste. Xekinima est donc à l’origine ou participe à toute initiative qui vise à rassembler les travailleurs, les jeunes, les masses pauvres urbaines ou rurales, et les organisations du mouvement ouvrier sur un programme de rupture avec le capitalisme.

Par Yann Venier