Retrait de la «réforme du Collège» !

manifestation-d-enseignants-a-paris-le-3-fevrier-2015A chaque fois que l’on entend des ministres de l’éducation nationale parler de grands projets pédagogiques, de réformes pour le seul bien-être des élèves on peut être sûr qu’une contre-réforme idéologique se prépare. Cette année, le gouvernement et sa ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem s’en prennent de manière frontale aux collèges. Après avoir cassé l’éducation prioritaire cet hiver avec la sortie des centaines d’écoles et de collèges des réseaux d’éducation prioritaire, le gouvernement a annoncé la «réforme» du collège qui rendra l’École encore plus inégalitaire qu’elle ne l’est déjà. L’éducation devait être prioritaire selon les promesses de Hollande après son élection en 2012. Depuis, les élèves, les parents et le personnel de l’éducation nationale ont fait l’expérience, parfois douloureuse, qu’une priorité de ce gouvernement est le démantèlement de ce service public avec une dégradation très forte des conditions d’études et de travail. En même temps, il fournit des dizaines de milliards de cadeaux et d’aides au grand patronat, qui lui, ne veut plus tolérer une éducation trop «couteuse» et encore moins une éducation correcte pour les enfants et jeunes issus des milieux populaires.

Vers la fin du collège unique ?

La réforme du collège est une attaque en règle tant sur le plan idéologique que sur le plan structurel. D’un côté, cette réforme va mettre fin à une éducation nationale dans le sens que le cadre national pour les collèges disparaît et que le collège à la carte apparaît. D’un autre côté, des matières comme l’Allemand ou les langues anciennes vont disparaître partiellement ou complétement.

Non à l’autonomie des collèges !

L’aspect principal de cette réforme est l’instauration d’une véritable autonomie des collèges qui va créer une concurrence entre les collèges de la même ville, du même secteur, de la même région. Mais aussi une concurrence accrue au sein de chaque collège entre les enseignants de chaque matière. Les chefs d’établissement pourront décider de 20 % (!) des heures d’enseignement. Autrement dit, les chefs pourront donner plus d’heures à une matière, mais pas à une autre (à un enseignant, mais pas à un autre). Ils ont ainsi le pouvoir de créer les collèges à la carte et le cadre national se réduit en miettes. Ceci va entraîner des inégalités énormes : les élèves d’un quartier, d’une ville ne vont pas apprendre la même chose que ceux d’un autre quartier, d’une autre ville. Et on peut à juste titre craindre que la «ghettoisation des collèges» se renforce avec cette contre-réforme.

Non à une éducation au rabais !

Cette réforme a aussi pour conséquence un appauvrissement de l’enseignement. Malgré le blabla pseudo-pédagogique des principes affichés comme «ouverture vers le monde» la disparition des classes bilangues Anglais/Allemand, la disparition de l’enseignement des langues «rares» (Italien, Russe, Arabe,…), la disparition des langues anciennes et la fusion des matières scientifiques vont appauvrir davantage l’enseignement pour la majorité des élèves. Mais est-ce que les
élèves des milieux défavorisés ont vraiment besoin d’un enseignement varié, des langues vivantes diversifiées ? Selon le gouvernement PSMEDEF la réponse est Non. Les cours bidons de «Enseignement Pratiques Interdisciplinaires» vont remplacer une partie des heures d’enseignement classique ce qui est un pas supplémentaire vers une réduction drastique des heures globales des matières pour chaque élève. Et ces «cours interdisciplinaires » vont évidemment dépendre des moyens attribués à chaque collège. Tout cela va renforcer l’éducation à deux vitesses, déjà bien présente aujourd’hui.

Pour des moyens à a hauteur des besoins !

Pour pouvoir garantir une éducation de qualité, gratuite pour tous et toutes il faut des moyens importants à la hauteur des besoins et non pas des réformes libérales. Il faut lutter pour des effectifs réduits, 20 élèves par classe de la maternelle au lycée, et 15 en éducation prioritaire. Ce sera le seul moyen de donner une éducation plus correcte à tous les enfants et jeunes et d’amortir ainsi un peu les inégalités créées par le système capitaliste.

Par Olaf van Aken