Non aux nouveaux «assouplissements» sur le travail de nuit et du dimanche

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Macron sur RTL le 11 décembre :
«Faites deux secondes l’épreuve du réel : doublez le salaire, voyez si un petit magasin peut payer le double. »

Macron prévoit de passer le nombre de dimanches où les magasins pourront ouvrir de 5 à 12 par an : c’est trois mois de dimanches travaillés ! Il y a aussi la mise en place des « zones touristiques internationales » et des « zones commerciales » dans les endroits « à fort potentiel économique » (soit potentiellement partout) où les « compensations » sont faibles voire inexistantes, comme c’est déjà le cas dans les gares par exemple. Pendant les entretiens d’embauche dans ces endroits, on pose déjà la question fatale : « Pourrez-vous travailler le dimanche ? »… on repassera pour le soi-disant « volontariat ».

Quant aux fameuses « compensations », elles seront négociées boîte par boîte et non pas par convention collective… et 0,50€ de plus ou une minute de repos compensateur par heure, c’est une « compensation ». Prenons les choses à l’envers: si les salaires permettaient de vivre décemment, s’il n’y avait pas autant de temps partiel imposé, voudrait-on sacrifier notre dimanche, un des seuls jours qu’il reste à une grande partie des travailleurs, pour avoir du temps pour soi, se reposer, se cultiver, passer du temps en famille…?

Dans ces zones, le travail jusqu’à minuit serait la norme (il est certain que pouvoir s’acheter un rouge à lèvres à 23h30 c’est hyper important). Les risques pour la santé sont énormes quand on travaille tard comme ça : le risque d’accident du travail est multiplié par 2, les risques cardiovasculaires de 1,5 à 2,8. Il y a de nombreux troubles du sommeil, mais aussi alimentaires avec des risques de surpoids deux à trois fois plus importants… Et il y a aussi le fait de pouvoir rentrer chez soi à cette heure-ci ce qui n’est pas une mince affaire quand on habite loin de son lieu de travail (ce qui est particulièrement le cas si on travail chez les bourges à Bd Haussmann).

On prétend nous faire croire que l’ouverture des magasins le dimanche augmenterait la consommation : aura-t-on comme par magie plus d’argent ? Bien au contraire.
En réalité plus les travailleurs ont des horaires de fou, plus on peut imposer ailleurs le même type d’horaires. Si l’exception du travail la nuit ou le dimanche devient la norme, alors il est on ne peut plus clair que les patrons, lorgnant sur leurs profits, feront pression pour que les maigres compensations (majoration de l’heure de travail, repos compensateur, primes) disparaissent. Et d’autre part il faudra des transports, des services, etc. correspondants et cela fera encore plus de travailleurs précarisés.

Les travailleurs du commerce se sont déjà bien rendus compte du piège et ont été nombreux à se mobiliser et à faire grève en région parisienne les 16 novembre et 16 décembre (voir les rapports sur notre site). Galeries Lafayette, BHV, Gibert Joseph, Printemps, Fnac, Monoprix… la mobilisation n’a fait qu’aller crescendo. Une nouvelle grève est prévue le 26 janvier, date à laquelle le projet de loi sera à l’Assemblée. Il est crucial qu’elle soit une réussite et qu’y participent le plus largement possible les travailleurs du commerce, mais aussi ceux du nettoyage, de la logistique, de la sécurité, etc. et qu’elle puisse être un point de départ de luttes pour augmenter les salaires et améliorer les conditions de travail partout, y compris dans la grande distribution.

Par Cécile