Construire une véritable force de lutte contre Hollande-Valls et les capitalistes… Pourquoi faudrait-il attendre 2017 ?

Mai 2013, la manifestation appelée par le Front de Gauche avait été lancée autour de l’idée de donner un coup de balai dans la politique de Hollande mais le PCF avait trouvé le slogan trop radical...
Mai 2013, la manifestation appelée par le Front de Gauche avait été lancée autour de l’idée de donner un coup de balai  dans la politique de Hollande mais le PCF avait trouvé le slogan trop radical…

Avec la terrible situation sociale que vit une grande partie de la population, aggravée de mois en mois par la politique du gouvernement, le mécontentement, la colère, voire même le dégoût sont largement partagés. Leur expression immédiate a été dans l’abstention, et dans une bien moindre mesure dans une partie du vote FN. Le vote pour les forces à gauche du PS et d’Europe Ecologie Les Verts a néanmoins rassemblé 10 % quand on additionne les voix du Front de Gauche et des autres listes.

Le score ne serait pas si mauvais si on comptait en faire quelque chose pour organiser la révolte et la colère des millions de personnes qui subissent la crise économique et l’aggravation de celle-ci par les mesures patronales et gouvernementale.

En gros, construire un début d’opposition organisée à Hollande Valls qui ne soit pas une énième combinaison politicienne. Et c’est bien là que se situe le problème. Pour avancer vers cela, le Front de Gauche aurait pu offrir un cadre dans lequel cette perspective d’une force d’opposition aurait pu voir des premiers pas se concrétiser. Rassemblant le PCF, le PG de Jean Luc Mélenchon et peu à peu divers groupes politiques à gauche du PS et d’EELV qui ont formé désormais le courant « Ensemble », le FdG a été incapable de proposer une politique qui se base réellement sur les luttes et sur l’expression politique de la colère des travailleurs et d’une majorité de la population. Le FdG avait bien commencé une «campagne contre l’austérité » en janvier 2013 mais elle fut rapidement abandonnée.

 Cuisine électorale…

 Finalement, le prétexte d’un premier affrontement a été les divergences tactiques aux élections municipales (alliance avec le PS dès le premier tour ou pas) que Mélenchon a volontairement dramatisées comme point d’affrontement avec le PCF, faisant semblant de découvrir une tactique que le PCF applique depuis des dizaines d’années. Mais le problème

était antérieur. Le refus de se positionner en opposition à Hollande, (tout en formulant des exigences dans un premier temps), orientait les débats et décisions du FdG vers une tactique de pression sur le PS et EELV et l’éloignait des couches les plus révoltées de la population.

 Le jeu politicien de la gauche de la gauche

 Il n’y a pas de lien mécanique entre l’aggravation continuelle des conditions de vie et de travail d’une majorité de la population et sa volonté de réaction collective et de luttes, ni même dans son soutien électoral à des forces qui critiquent le système en place. Il n’aurait certainement pas suffi au FdG de prendre une posture radicalement contre Hollande et contre le capitalisme pour attirer des couches larges de travailleurs, de jeunes, de chômeurs qui avaient envie d’en découdre avec Hollande et de lutter contre sa politique. Mais cela aurait grandement aidé et fourni autant de sujets de débat pour faire un pas dans cette direction, celui d’une force politique à gauche du PS et d’EELV et entièrement indépendante de ces derniers. Or, ni le PCF, ni Mélenchon n’ont fait avancer le débat dans cette direction. Et chacun à leur manière, ils refusent de faire porter une partie de la discussion sur les luttes et la stratégie pour celles-ci, préférant à chaque fois cantonner les choses au terrain électoral. Or si la politique de Hollande-Valls passe, c’est bien aussi en partie parce que les directions des principaux syndicats refusent de les combattre.

 Eté maussade

 Le feuilleton de l’été aura été navrant, dans le genre «moins belle la vie à la gauche du PS». EELV qui ne sait plus comment être dans la majorité tout en étant critique, Montebourg et les députés ronchons du PS qui sont incapables d’obtenir une petite miette pour les plus modestes mais restent quand même dans la «majorité», ou le dirigeant du PCF, Laurent qui encore et toujours répète qu’il est «temps de passer à l’offensive» tout en ne proposant absolument rien d’autre que un «nouveau premier ministre» et aussi un «rassemblement» en vue de… 2017.

Durant l’été, Mélenchon avait annoncé, à grand bruit, faire une «pause». Cela signifiait avant tout qu’il cessait de mener bataille dans le FdG (il aura pourtant été à l’initiative de plusieurs manifestations qui auront été les seuls vrais points d’appuis qu’aurait pu offrir le Front de Gauche dans la lutte contre la politique de Hollande) et qu’il allait désormais faire des propositions dépassant le cadre du FdG.

Autrement dit, c’est une perspective de scission à terme. Il a donc formulé ouvertement que le but n’était plus de «rassembler la gauche» mais de «fédérer le peuple» et de proposer pour cela un axe de campagne pour… les présidentielles de 2017 avec le slogan passe-partout de «6ème République». Rien dans l’immédiat, même pas une critique de l’inertie complète des dirigeants des principaux syndicats, et de plus une situation inconfortable pour les militants du PG qui vont être accusés de tourner le dos au projet du Front de Gauche. D’ailleurs, tout ce sur quoi les composantes du FdG ont réussi à se mettre d’accord à la réunion de rentrée de ce dernier le 6 septembre, c’est de tirer à boulets rouge sur Hollande mais rien d’autre dans l’immédiat. Ça reste bien peu.

Qu’il faille un autre régime que cette 5ème République, une révolution pour renverser le capitalisme, nous sommes entièrement d’accord. Mais ce n’est pas la présidentielle de 2017 qui préoccupe la vie de millions de travailleurs et de jeunes aujourd’hui, mais bien leur situation économique et sociale, et les possibilités de lutter collectivement. Sinon, ils seront renvoyés à la survie quotidienne. Que des élus de «gauche» s’opposent au gouvernement, tant mieux. Mais il faudrait aller plus loin et comprendre que ce n’est pas d’aménagements de la politique actuelle dont nous avons besoin.

Le capitalisme avec sa plus grave crise depuis les années 30 confirme qu’il est un système qui ne fonctionne que pour une petite minorité sur le dos de la grande majorité et ne sera jamais réformable.

Nous sommes pour tout pas en avant dans le rassemblement des jeunes et des travailleurs

dans la lutte contre le capitalisme, dans celle pour l’augmentation des salaires, pour des emplois, des logements etc. mais ces pas là ne se feront qu’en se basant sur les luttes et en défendant un programme qui s’en prend réellement aux grands groupes capitalistes. Malheureusement, ce n’est pas le chemin que prennent la plupart des dirigeants de «la gauche de la gauche». Cela pourrait évoluer différemment sous la pression d’une radicalisation des travailleurs et de la jeunesse. Inutile d’attendre passivement de tels développements, il est possible de lutter et de s’organiser dès maintenant avec nous !

Par Alex