Pour un mouvement de masse contre le massacre en Palestine et contre l’impérialisme

demos_palestine2014La barbarie de l’Etat d’Israël ne connaît guère de limites. Plus de 800 morts, dont plus de 80% de civils et des enfants par dizaines. Des quartiers entiers sont dévastés, privés d’eau et d’électricité, plus de 80 000 habitants ont été chassés de chez eux et survivent où ils peuvent entre les bombes, les obus et les ruines. L’opération menée par l’armée israélienne n’a rien d’une opération défensive comme le prétend Netanyahou. Elle n’a qu’un but, semer la terreur, écraser toute volonté de résistance tant dans les territoires palestiniens qu’au sein d’Israël. Une telle escalade meurtrière ne peut être stoppée que par un mouvement de masse  en Israël/Palestine et avec le soutien de millions de personnes de par le monde.

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On ne peut s’empêcher de remarquer que c’est tous les deux ou trois ans qu’Israël lance une opération « défensive » qui se traduit par l’entrée de ses troupes dans un territoire palestinien (ou au Liban en 2006). Et le meurtre atroce de 3 étudiants israéliens début juin n’est qu’un horrible prétexte. Quel rapport avec les centaines de morts de Gaza ? ou d’ailleurs avec les 32, à ce jour, soldats israéliens morts, et combien parmi eux, de jeunes obligés de faire leur service militaire ? De plus en plus d’anciens soldats de l’armée israélienne témoignent des horreurs que leur impose le commandement militaire israélien.

On ne peut pas croire non plus qu’une opération d’une telle ampleur a été inventée juste dans les dernières semaines.

Le cynisme au plus haut de l’Etat

Netanyahou a lancé l’opération à un moment où une majorité de la population israélienne est en faveur d’un Etat palestinien. Après avoir soutenu l’implantation de nouvelles colonies (parfois même illégales d’après la loi israélienne), il s’agissait à la fois de paralyser le Hamas et d’écraser tout esprit de contestation parmi les palestiniens mais aussi parmi les israéliens qui contestent la politique du gouvernement. C’est aussi pour rappeler le très haut niveau technologique de l’armée israélienne à l’ensemble des pays de la région, notamment ceux qui sont en crise profonde.

Gaza est déjà sous tutelle complète d’Israël, même la délivrance d’une carte d’identité ou d’un passeport est soumis à l’approbation des autorités israéliennes. Un blocus total maintient une majorité de la population dans la précarité la plus extrême, toujours à court d’eau, de vivres, ou de médicaments. Comment ne pas comprendre dans ce cadre l’exaspération d’une partie des palestiniens ? Les roquettes envoyées à l’aveugle par les milices armées du Hamas ou autres ne servent à rien et sont contre-productives, blessant ou tuant uniquement des civils. Mais elles sont de toutes façons sans commune mesure avec la puissance de feu de l’armée israélienne qui tue des civils par dizaines même quand les frappes sont soi-disant « ciblées » car le but recherché est celui d’instaurer la terreur dans Gaza.

La politique de Netanyahou et de l’armée israélienne est celle qui bénéficie aux grandes entreprises capitalistes et aux groupes ultranationalistes ainsi qu’aux colons. Ces derniers peuvent venir s’approprier des terres en chassant des paysans ou occuper celles qui ont été désertées suite aux opérations militaires. Les grands groupes continuent d’exploiter les travailleurs palestiniens et israéliens, et même les multinationales européennes et nord américaines trouvent leur compte, que ce soit dans l’eau, les services ou l’armement…

Une attitude complice des pays impérialistes

Le cynisme est le même chez Obama et son émissaire John Kerry, ou chez Hollande et Fabius. On « comprend » la nécessité d’Israël de se « défendre » mais on lui demande de faire preuve de « retenue »… un comble quand on sait que de toutes façons, tant les Etats Unis que la France sont impliqués dans des guerres qu’ils ont eux même créées ou suscitées à force de manipulation des élites locales et de putsch divers : Irak, Afghanistan, Mali, Centrafrique…

Mais si la position de Hollande est aussi ostensiblement pro-israélienne c’est avant tout parce que dans la région, l’impérialisme français a perdu en 20 ans tous ses collaborateurs : Liban, Syrie, Irak,… sont soit en plein chaos soit extrêmement défiants vis à vis de gouvernements français qui n’ont plus les moyens de soutenir des dictateurs (ce qui était le sens même de la politique dite « pro arabe » depuis le gaullisme). Le seul pays stable (et encore…) et puissant dans la région étant Israël, les divers gouvernements se sont ralliés à la politique de soutenir cet avant poste de l’impérialisme dans la région. Le PS étant désormais un parti complètement  procapitaliste, il suit également les intérêts de l’impérialisme de la bourgeoisie française.

De la même manière que le PS se précipite pour donner satisfaction au grand patronat et à leur chef de file Pierre Gattaz et geler les retraites ou faciliter les licenciements, Hollande multiplie les déclarations de soutien aux opérations militaires à une telle vitesse que l’UMP n’arrive pas à suivre, disposant certes du handicap d’être engluée dans ses magouilles financières et la corruption généralisée en son sein.

Evidemment, Hollande le fait de manière particulièrement servile, faisant du zèle en interdisant la manifestation de soutien à Gaza étouffant sous les bombes. Et comme aussi bien l’extrême droite juive que les groupes de hooligans anti sémites rêvent d’un affrontement raciste, il n’a pas été dur de trouver des provocations et des provocateurs pour justifier une telle interdiction. D’autant que mis à part le NPA, il ne s’est pas trouvé de parti à gauche du PS suffisamment anti-impérialiste et anti-raciste pour défier l’interdiction de manifester. Et même dans les villes de provinces où les manifestations étaient autorisées, c’est à reculons qu’une poignée de membres du Front de Gauche sont venus (le PS et EE-LV étant bien évidemment absents).

La gauche au pouvoir n’avait pas interdit de manifestation de ce type depuis le gouvernement Mollet-Mitterand durant la « guerre » d’Algérie, tout un symbole…

C’est Valls-Hollande qui « importent le conflit »

Le gouvernement et ses relais parlent du danger d’une « importation du conflit israélo-palestinien en France »… Mais qui, à part le gouvernement et des « autorités » juives qui ne représentent qu’elles mêmes, ainsi qu’une poignée de groupes musulmans de droite réactionnaires et quelques fachos anti-sémites, utilise ce conflit à des fins racistes ou politicienne et le caricature ? Certainement pas les dizaines de milliers de manifestants qui protestent contre l’injustice et la barbarie de l’armée israélienne, indépendamment de leurs origines, de leur sexe, de leur culture…

En utilisant une bagarre en marge d’une manifestation (bagarre provoquée par l’organisation raciste d’extrême droite bien mal nommée Ligue de défense juive) pour justifier une interdiction envers des dizaines de milliers de personnes, Valls et Hollande ne font que confirmer aux yeux de tous qu’ils n’ont plus rien à voir avec idées et les valeurs de la gauche et du mouvement ouvrier qui sont pour la liberté d’expression, le droit de manifester, et qui surtout savent s’opposer à une guerre coloniale quand c’en est une. Lorsqu’il y a eu les guerres en Irak, nous n’avons pas été accusés « d’importer un conflit » en manifestant contre celles-ci…

L’instrumentalisation des activités d’une poignée d’antisémites réactionnaires est évidemment une tactique, tout comme l’agitation autour du mensonge d’une « importation du conflit ». Le gouvernement essaie aussi de domestiquer la « gauche » et il y est partiellement parvenu mais il montre un peu plus son fond politique, qui est de gouverner de la même manière que Sarkozy avant lui. Et ils aident ainsi les éléments les plus réactionnaires de la communauté juive qui eux visent à fabriquer un amalgame qui ferait de toute personne qui critique l’Etat d’Israël un antisémite en puissance. Ces « dirigeants » se comportent comme des notables qui reçoivent leur lettre de mission du gouvernement israélien et appliquent la politique demandée en France, ils ne représentent absolument pas les personnes de confession juive, et ils ne doivent leur position qu’à la reconnaissance que veulent bien leur apporter le gouvernement et les médias.

Pour un mouvement de masse contre le massacre à Gaza

Quant aux antisémites, quels qu’ils soient, ils ne sont absolument pas des soutiens à la cause palestinienne bien au contraire. Ils ne font qu’inciter à encore plus de guerre, en restant soigneusement à plusieurs milliers de kilomètres du conflit. En Israël même, de nombreuses manifestations ont lieu contre la guerre, unissant travailleurs, intellectuels, jeunes,… israéliens qu’ils soient athées, juifs, ou arabes israéliens.

Ceux qui soutiennent vraiment le peuple palestinien ne se battent pas pour remplacer l’oppression d’un peuple par l’oppression sur un autre peuple mais pour en finir avec toutes les injustices. Le mouvement contre la guerre coloniale a toujours été un mouvement ouvert et tolérant, et anti-raciste.

Il faut amplifier la mobilisation en solidarité avec le peuple palestinien et particulièrement celui de Gaza. C’est un véritable massacre qui s’est amplifié avec l’opération terrestre. Les habitants de Gaza n’ont comme vrais soutiens que ces manifestations et les campagnes de solidarité comme l’ont été les flottilles pour Gaza qui ont tenté de forcer le blocus maritime. Certains défendent une campagne de boycott d’Israël et des produits importés de cet Etat. On peut comprendre l’impact moral de cette campagne et elle permet de dénoncer le cynisme de certaines multinationales européennes, nord américaines ou israéliennes, mais elle ne changera pas fondamentalement la situation sans lien avec des luttes de masse des travailleurs en Israël/Palestine. Parce que de fait, la plupart des Etats dominants soutiennent l’Etat d’Israël, depuis les Etats Unis jusque la Russie et que les échanges commerciaux dans le système capitaliste font que toutes les économies sont imbriquées (voir l’article de Judy Beishon : Une approche socialiste du boycott d’Israël). Pour que cessent les soutiens à Netanyahou et ses amis, il faudra lutter contre nos propres gouvernements et stopper l’ensemble de leur politique.

Les guerres ne cessent que pour deux raisons, soit par la défaite d’un des belligérants, soit par une crise politique telle dans un des pays qu’il doit cesser la guerre car la révolution approche. Dans le cas d’Israël Palestine, il n’y a même pas deux belligérants, puisque le Hamas est bien incapable de faire mieux qu’un semblant de guérilla, tandis que les diverses autres organisations palestiniennes et notamment l’OLP et le Fatah en Cisjordanie ne mènent aucune action de soutien réel au peuple de Gaza. Une grève avait été appelée le 21 juillet mais elle n’a pas eu de vraies suites à part quelques manifestations dont il faudrait qu’elles soient beaucoup plus massives. C’est un peu comme si le Fatah attendait que le Hamas tombe pour ainsi reprendre Gaza. Mais au sein de l’Etat d’Israël, la crise sociale éclate très régulièrement.

Le conflit en Israël/Palestine est avant tout économique. Il est dû à l’incapacité du capitalisme à fournir à chacun la satisfaction des besoins parce qu’il est entièrement guidé par la loi du profit. Il y a largement la place et les ressources pour tous les peuples qui vivent au Moyen Orient de coexister pacifiquement mais pour cela il faut que l’économie ne soit plus aux mains d’une poignées qui s’enrichit sur le dos de la majorité. En Israël, 23 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon les chiffres officiels. La guerre permet d’écraser temporairement une colère sociale qui s’exprime régulièrement comme lors du mouvement des tentes à l’été 2011 quand des centaines de milliers de personnes ont protesté contre le coût exorbitant du logement.

De même, toute une partie des dirigeants palestiniens, à Gaza et surtout en Cisjordanie, vit dans le luxe et en exploitant les travailleurs palestiniens. C’est cette classe dirigeante qui domine le Fatah et le Hamas et qui a par le passé poussé à l’arrêt des révoltes et qui bloque par tous les moyens la lutte du peuple palestinien et notamment sa meilleure arme qui serait une grève générale de masse.

Quelle voie pour la paix ?

Ce n’est ni l’ONU, qui est une chambre de conciliation entre les différents capitalistes, ni une énième conférence internationale qui apporteront la paix dans la région. Combien de crimes et de guerre l’ONU a-t-elle servi à cautionner ? De nos jours encore, au Congo, au Sri Lanka, et dans tant d’autres pays, des minorités sont massacrées et harcelées.

 Le rôle de l’ONU c’est de donner une apparence démocratique à ce qui reste des opérations impérialistes. Quant aux conférences internationales, elles se font sur le dos des peuples, réunissant bien souvent des dirigeants de pays qui défendent leurs intérêts propres et non ceux des peuples concernés.

Ce qu’il faut, c’est qu’au maximum de ce qui est possible les masses palestiniennes cherchent le lien avec les travailleurs et les jeunes israéliens que ce soit sur des questions sociales ou économiques, ou comme cela se fait dans certaines villes, contre la guerre. C’est cela que craignent le plus aussi bien la classe dirigeante israélienne que les dirigeants corrompus de l’autorité palestinienne ou les gouvernements corrompus des pays arabes voisins. En construisant un mouvement de masse contre le massacre à Gaza c’est cela que nous pouvons aider à émerger. Les Palestiniens ont le droit d’avoir un Etat s’ils le souhaitent. Mais aucun Etat n’est viable s’il est en permanence harcelé par une armée aussi puissante que l’armée israélienne, morcelé par la colonisation et appauvri par un blocus, ce serait un état fantôme. De la même manière, la situation actuelle ne peut que faire continuer la guerre de manière permanente pour les israéliens dont la grande majorité n’aura pas de vie correcte tant que persistera cette situation. Il y a la place pour une Palestine socialiste et un Israël socialiste au sein d’une fédération socialiste et démocratique de la région, c’est seulement ainsi, débarrassé des intérêts des groupes capitalistes, du militarisme de l’Etat d’Israël que les peuples de la région pourront construire une société commune.

Il y a assez de richesses dans la région pour que les populations du Moyen Orient vivent en paix. Aujourd’hui, des multinationales font un maximum de profits en exploitant cyniquement l’eau par exemple, et en organisant la pénurie d’un côté et le luxe et le gaspillage de l’autre.

Ce n’est qu’en construisant un mouvement de solidarité avec Gaza sur une base anti-impérialiste et anti-capitaliste que l’on posera les bases d’un véritable mouvement d’ensemble pour en finir avec les guerres et le colonialisme. C’est pour cela que tout en participant aux mobilisations contre l’agression sur Gaza, dans tous les pays où nous sommes présents (la Gauche révolutionnaire est membre du Comité pour une Internationale Ouvrière,  www.socialistworld.net, qui a des sections dans plus de 40 pays, et notamment en Israël/Palestine au sein de « Lutte socialiste », http://maavak.org.il) nous luttons pour le renversement du capitalisme et pour une société socialiste et démocratique, par la nationalisation sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs et de la population des principaux moyens de productions, de distribution et d’échange. C’est ainsi en organisant l’économie pour la satisfaction des besoins de tous et toutes et non les profits d’une poignée qu’on construira une société débarrassée de la misère de la guerre et de l’oppression. C’est seulement ainsi qu’au Moyen Orient et dans toutes les régions du globe où il y a des conflits nationaux instrumentalisés par des classes dirigeantes avides de profits, les populations pourront mettre en place une société où les droits de tous seront garantis. C’est par un mouvement de masse des travailleurs, des jeunes et des masses pauvres des villes et des campagnes qu’on peut avancer vers une telle société : le socialisme.

Alex Rouillard

• Stop au massacre ! Pour la fin des frappes aériennes et des autres attaques contre Gaza ! Non à cette guerre, celle d’un gouvernement israélien acquis à la cause du big business et des colonies !

• Pour la fin du blocus de Gaza ! Pour le retrait immédiat de l’armée israélienne des territoires Palestiniens.

• Pour une lutte de masse et démocratique des Palestiniens, afin de lutter pour une véritable libération nationale !

• Pour des organisations des travailleurs et des jeunes indépendantes, en Palestine et en Israël, luttant ensemble contre la guerre, l’exploitation, les bas salaires…

• Contre le capitalisme, pour un État palestinien socialiste et démocratique au côté d’un Etat israélien socialiste et démocratique, avec Jérusalem pour capitale commune et garantie des droits démocratiques pour toutes les minorités, dans le cadre de la lutte pour un Moyen Orient socialiste et pour la paix.